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2 janvier 2015 5 02 /01 /janvier /2015 08:13

Pendant et aprés la première Révolution, Chiffonistes (Droite) et Monnaidiers (Gauche) se partagèrent le Pouvoir municipal sur Arles. Il apparaît de notre étude qu'ils étaient tous plus ou moins philosophiquement rattachés à une association dite de Pensée : les Pénitents pour les Chiffonistes, la Franc-maçonnerie pour les Monnaidiers.
Les Pénitents Blancs de la ville d'Arles, représentent toutefois une curieuse exception, qui mérite d'être étudiée de façon plus profonde que les autres Confréries de couleur... Les Confréries de Pénitents en général et celles des  Pénitents Blancs en particulier, sont - elles à l'origine de l'architecture de la Franc-maçonnerie ? Aprés avoir trés attentivement étudié bon nombre d'archives, tout me porte à le croire et dans cet article, je vais vous faire part de mes premières conclusions...
La trés bonne conservation des archives des Pénitents Blancs de la ville d'Arles, (archives rarissimes, sur ce sujet, en France) alliée à nos quelques connaissances maçonniques, font que cet ensemble nous offre tout un matériel de réflexion, propice à établir des comparaisons entre les associations de Pénitents et de Franc-maçons...
On se doutait bien que l'architecture de la Maçonnerie puisait ses origines bien plus loin que les années 1726 (date plus ou moins officielle de son introduction en France) ... Le problème était d'en apporter la preuve ! Dans un premier temps, nous allons étudier le vécu de la Confrérie arlésienne...


Dans les vingt dernières années qui précèdent la Révolution, à cette époque où il n'y a plus de Loge maçonnique sur ARLES,  Les Pénitents Blancs de la ville d'Arles regroupent en leur sein la quasi totalité des corporations de métiers. Socialement, la Confrérie n'est autre qu'une Chambre des Métiers avant l'heure, lieu dans lequel se réunissent les artisans de la ville.
Il semble même que les Pénitents Blancs de cette époque pré-révolutionnaire ne sont dans ce lieu associatif à consonnance religieuse, uniquement par intérêt professionnel, car les associations de Métiers, n'ont pas d'autres statuts à leur disposition... 
De fait  il est vrai que depuis leur création, ils se voulaient indépendants du Pouvoir religieux... Mais avant la Révolution, nous le savons, vouloir être indépendant de cet écrasant Pouvoir romain, pouvait coûter cher; surtout sur Arles où la présence de Monseigneur du Lau (leader national des anti-philosophes) et de son équipe aggravait la situation...
Les choses vont changer tout particulièrement, lorsque les effets et les peurs des évènements révolutionnaires cessèrent...
Dés 1819, les anciens meneurs Chiffonistes, refondent à leur manière, la Confrérie des Pénitents Blancs.
Les changements idéologiques sont profonds ; alors même qu'avant la Révolution, la Confrérie nous apparaissait plutôt laïque, comprendre éloignée voire indépendante du clergé, et essentiellkement comme une sorte de Chambre des Métiers, chapelle 001on assiste dés 1819 à une profonde catholicisation de cette forme de sociabilité.
Autant dire que les pro-jacobins qui adhéraient aux Pénitents Blancs arlésiens se garderont bien d'intervenir sur la scène publique; pourquoi ? Accusés de tous les maux, ils deviendront la pitance des curés et de leurs sbires politiques ! 
Même le lieu de réunion, la chapelle dite du Saint Sacrement, si emblématique pendant la Révolution, va être squattée par la nouvelle équipe !... Et pourtant cette organisation de l'espace architectural de cette chapelle était trés particulière, voire insolite pour des catholiques romains ...  Ce lieu de réunion qui avait été choisi, se trouvait au quartier frondeur de la Roquette, alors même que les Chiffonistes se réunissaient dans le quartier bourgeois de La Major...  Curieux !
La chapelle était orientée dans l'axe Nord-Sud (entrée côté nord et autels au sud); on entrait (A) dans une pièce dite anti-chapelle (C); deux petits autels (D et E) encadraient la porte de la chapelle (F). Cette pièce dite anti-chapelle était une sorte de hall d'entrée: 
Immédiatement à droite de l'entrée de l'anti-chapelle se trouvait un vestibule (N) qui servait à entreposer la Bière de la Confrérie; dans ce cercueuil (sans couvercle), les Pénitents Blancs transportaient en procession, leurs confrères décédés; d'ailleurs, ce vestibule était placé sous le Titre évocateur de Notre-Dame-du-Bon-Voyage.
Il semble que ce vestibule était la propriété de la Confrérie des Pêcheurs , appelée aussi la Confrérie de Saint Pierre lo Pescador. Cette Confrérie était autrefois (1437) hébergée en face le couvent des Augustins, lieu qui deviendra par la suite un Hôtel de la célèbre famille des Quiqueran de Baujeu, cette famille qui a fourni de nombreux chevaliers de Saint Jean de Malte....
L'anti-chapelle donnait accés à une petite pièce carrée (M) dite "salle capitulaire". De cette salle capitulaire, on accédait au sud de l'édifice à la Sacristie (K) et à l'escalier du clocher (L) par un couloir (P) et une cour (Q) dite "Basse-cour", le tout à ciel ouvert. Le couloir longeait le mur Ouest de la chapelle.
Au fond de la chapelle construite sur le plan du triple carré, (côté Nord) se trouvait le Maître Autel (G), celui qui orne l'actuelle église de Raphèle-les-Arles, et un accés à la Sacristie (K). La voute était à type de double ogive, ornée des armoiries du Pape, du roi de France, et de celles de la Confrérie.
En périphérie de la grande chapelle, sur les côtés Nord, Est et Ouest, il y avait un banc de pierre, où s'asseyaient les Confrères; on sait que le Recteur se trouvait sur le banc de pierre à droite en entrant (H) et qu'à sa gauche (I) s'installait le Vice-Recteur. Cette configuration intérieure de l'assise, se retrouve à la chapelle Saint Jean de Fontvieille (ancienne propriété de l'Ordre de Saint Jean de Malte). 

Pour ce qui est de la période de la Restauration, nous constatons un changement radical de la sociologie de la confrérie; nous avons aussi et surtout étudié ses Tableaux : tous les principaux opposants à la Révolution encore vivants, sont là; ainsi on retrouve :
Un groupe de tête : Contrairement à ce que l'on pourrait légitimement penser, ce ne seront que des porte-chapeaux... Les vrais maîtres à penser sont ailleurs (cf les maîtres de cérémonies) :
- Pierre ARNAUD, Marchand, Recteur de la Confrérie. Il avait rejoint les Pénitents Blancs avant la Révolution, en mars 1776.
- Jean François LAVILLE, propriétaire terrien, Vice Recteur de la Confrérie. Il avait rejoint les Pénitents Blancs avant la Révolution, le 16 avril 1781.
- Claude VALLIERE, notaire. Trésorier. Pénitent Blanc le 02 avril 1773.
- Pierre Claude MEGE, notaire et propriétaire, Secrétaire de la Confrérie, filleul du Trésorier Claude VALLIERE; son fils Louis MEGE lèguera à la ville les archives des Pénitents Blancs. En 1820, il ser nommé Vice-Recteur de la Confrérie.
Ces quatres personnages étaient entourés à la direction de la Confrérie, par :
Les Maîtres de Cérémonies : C'est au sein de cette fonction, et plus particulièrement auprés des nobles et des représentants du clergé, qu'il faut rechercher les véritables meneurs du mouvement :
- Jean Baptiste Xavier Thérèse de ROY de VACQUIERES.
-  Etienne MISTRAL, entrepreneur maçon; il avait acheté la chapelle durant la Révolution. Pénitent Blanc le 05 avril 1771.
- Pierre NAU, entrepreneur maçon.
- Jules Antoine ESTRANGIN, avocat. Ancien meneur révolutionnaire, mais opposé aux excés jacobins.
- Jean Etienne Gabriel de PERRIN de JONQUIERES, ancien Capitaine de vaisseau, maire d'ARLES de 1817 à 1821, donc en 1819 dans l'exercice de ses fonctions électives ! Il était l'ancien dirigeant des Contre-révolutionnaires (les Chiffonistes). Nommé par le gouvernement en 1815, il avait succédé à la mairie d'Arles à l'inflexible jacobin  André POMME. Il n'était pas Pénitent Blanc avant la Révolution.
- Louis Toussaint ARNAUD, Prêtre et parent du Recteur Pierre ARNAUD, représentera en quelque sorte le clergé local décimé pendant les évènements révolutionnaires.
D'autres fonctions à caractère trés religieux, sont ajoutées au système administratif des Pénitents Blancs d'autrefois ; connu comme un groupe trés indépendant du clergé, ces fonctions n'existèrent jamais tout au long de l'histoire de la Confrérie.
Ainsi, on va trouver les fonctions et personnalités suivantes :
Un Maître de Choeur :
- Pierre BONTOUX, propriétaire. 
Des Maîtres des Novices:
- Charles Gilles CROUZET. Pénitent Blanc (PB) le 5 avril 1779.
- Pierre RIVARD, Tisserand, PB le 20 mai 1776.
- André ROBOLY, avocat, ancien meneur Chiffoniste; n'était pas PB.
- Jean Joseph COMBEAU, menuisier, PB le 22 septembre 1781.
- Antoine TOUGAY, cultivateur, PB le 5 mai 1785.
- FABRE, individu sur lequel nous n'avons aucun renseignement.
- Pierre CACHET, vannier, PB le 1 avril 1782.
- Joseph VIOLET, propriétaire, nouvel adhérent aux Pénitents Blancs de 1819, maître des novices alors même qu'il était novice lui même...
Des Sacristains: A part les deux premiers, tous sont de nouveaux membres.
- Guillaume FERRAND, Procureur de la commune, PB le 28 mars 1780.
- Jacques MICHEL, PB le 5 mai 1785.
- François CHABASSIEU, cordier, nouveau PB.
- Ambroise ARNAUD, boulanger, nouveau PB.
- Jacques LAMANON, bourrelier, nouveau PB.
- Jean BENOIT, matelot, PB le 20 mars 1768, le plus ancien membre dans la nouvelle Confrérie.
- Jean SOUCHON, capitaine marin, nouveau PB.
- Claude MARTIN, voiturier, nouveau PB.
- Joseph CHAULET, négociant, nouveau PB.
- Antoine Julien TOUSTEN, charpentier de marine, nouveau PB.
- Honoré BERNARD, ancien pêcheur, nouveau PB.
- Marc Antoine SAVY, orfèvre, nouveau PB.
Un administrateur de la cire:
- Denis ALLET, charron, PB le 26 mai 1775.
Des Archivistes:
- Jean-Pierre MAUREAU, avocat, PB le 16 avril 1772. Ancien et unique Monnaidier de la nouvelle Confrérie, on peut admettre qu'il avait retourné sa veste...
- Louis Mathieu NOGUIER, négociant de Trinquetaille, PB le 16 avril 1772.
Dépositaires des habits :
- Jacques MICHEL, PB le 5 mai 1785.
- Nicolas DAU.
Marguillers pour l'entretien du culte et de la chapelle:
- Pierre CLAIR, vitrier, PB le 13 mai 1779.
- Jacques ANINARD, confiseur, bien connu comme ancien Chiffoniste, c'est lui qui sera à l'initiative de la construction de l'église de Raphèle-les-Arles. C'est lui aussi qui selon l'Histoire y déposera tous les ornements de la Confrérie. Certains de ces ornements y sont toujours...
- Etienne MEOU, maître d'ouvrage de la Marine, PB le 20 mai 1784.
Infirmiers: Ces hommes quadrillaient soigneusement la ville... Chaque paroisse avait sa personne, s'occupant des "Bonnes Oeuvres"... A savoir :
- A Saint Trophime : Joseph ROMAN aidé de Sébastien AUJOUVIER (Tailleur d'habits, PB du 18 mai 1819).
- A l'église de La Major : Joseph ARNAUD, (droguiste, PB le 18 août 1782), aidé de Hyacinthe GILOUX.
- Pour la paroisse Saint Cézaire : Georges ESTRANGIN (droguiste, PB le 17 mai 1819), aidé d'Honorat FOUQUE (serrurier, PB du 20 mai 1819).
- Pour Saint Pierre de Trinquetaille : Antoine CARRIER (marchand, PB le 08 avril 1784) aidé de Jean PIQUES (capitaine marin, PB le 19 mai 1819).

On peut admettre que l'énumération des membres de la nouvelle confrérie nous emmène à mieux connaître la composition du groupe "Chiffoniste" per - révolutionnaire... Cet inventaire au demeurant non - exhaustif, n'ayant jamais été fait.... Ainsi apparaissent les identités de bon nombre de personnages arlésiens classés comme contre - révolutionnaires...
 
L'ORNEMENTATION de la Chapelle des Pénitents Blancs :


Grâce aux objets remis entre autres par le confiseur Pierre ANINARD, récupérés pendant la Révolution par un homme illustre mais inconnu, désigné dans les textes, en tant que "propriétaire camarguais", nous pouvons recomposer partiellement la décoration du site de l'ancienne Confrérie :
- L'Autel avait été sculté par Nicolas MISSENCEL, maître-sculteur de la ville d'Arles et livré à la Confrérie le 25 septembre 1735. L'habillage du tombeau, comprendre l'endroit qui recèle les reliques,  est en bois d'aube, lequel est revêtu d'une
peinture marbrée, l'ensemble est verni. Sur le devant du meuble, figurent les armes de la Compagnie.

- Un dais rouge en soie  moirée doublé de lustrine rouge, avec des franges jaunes, les couleurs historiques du Midi du Royaume de France, ainsi que son cadre en bois. Les bâtons et le dais, ont effectivement appartenus à l'ancienne Confrérie des Pénitents Blancs. Une chape rouge en soie, galons en soie jaune, doublure en lustrine rouge moirée, d'un grand tapis pour les marches de l'autel et de 4 pierres pour supporter le dais.
Le dépositaire de ces décorations, était un riche propriétaire local, un certain ARTAUD, dont le mas existe toujours sous ce nom dans la campagne de Raphèle...

- 2 coupons de soie rouge de 3 m, munis d'une frange jaune en laine et de 6 m de frange couleur demi-or. (don de la veuve DAUMAS) .

A partir de 1819, la démonstrativité religieuse s'accentue par les achats suivants :

- Deux croix de défilé en laiton argenté qui furent exécutées par un orfèvre Lyonnais (M. Juveneton, 4 rue Saint-Romain) et livrées à la confrérie le 21 février 1821, donc deux ans aprés la remise en route de la Confrérie; le prix de chacune de ces croix se situe entre 600 et 700 F de l'époque.

- La cloche, qui ne fut installée que 5 ans (vers 1859) après la création de l'église de Raphèle-les-Arles, se trouve être la dernière cloche commandée par l'ancienne Confrérie. Elle porte la mention suivante : "Baudoin, fondeur à Marseille 1819", et l'ornementation présente un Christ sur une croix, dont l'extrémité des branches est une  fleur de lis... Ce qui en dit long sur la nouvelle orientation idéologique...

L'ICONOGRAPHIE RELIGIEUSE, en 1854 était la suivante :

L'église de Raphèle a été une sorte d'entrepos visant à stocker l'ensemble des décorations rescapées de la période révolutionnaire... De toute évidence, on ne peut attribuer aux anciens Pénitents Blancs, l'ensemble de l'iconographie religieuse déposé en ce lieu; à notre connaissance la décoration de la chapelle des Pénitents Blancs originelle en général et religieuse en particulier y était trés limitée et peut-être bien inexistante... Ce qui ressemblerait fort à une conception d'obédience Protestante...
Citons ces décorations remises en 1854 en ce lieu de culte :
- Une "VISION", non signé, dimensions: 1.80m sur 1.20m. (Don de Jean VICTOR).

- Une "DESCENTE DE  CROIX" de même dimensions. (Don de Jean VICTOR). Deux oeuvres signées RASPAL, peintre bien connu des Arlésiens, plus ou moins apparenté aux Pénitents Blancs, dont il fréquentait la chapelle durant la Révolution. Dimensions 1.20m par 1.00 (don de la veuve DAUMAS):
-  " LA SAINTE FAMILLE ".
- " LE BAPTEME DE JESUS CHRIST  PAR SAINT JEAN BAPTISTE ".
- Les 14 tableaux du chemin de croix. (don de Pierre LAUGIER).
- " LES SAINTES MARIES ". Ce tableau pourrait avoir transité par les Pénitents Noirs et avoir appartenu à leur chapelle ; en effet, l'église des Carmes abritait une chapelle consacrée aux Saintes Maries, dans laquelle se réunissait la Confrérie des Apothicaires depuis 1594.
- " SAINT VERAN ", (patron des bergers depuis 1482 en Arles). Non signé et pas de dimensions connues. (Don d'une madame OLIVIER). 

LA STATUAIRE :
- La statue de Saint Roch, saint dont on sait que les Pénitents Bleus possédaient quelques reliques. L'abbé PETIT, ancien curé quelque peu excentrique de Raphèle, mais brillant intellectuel, m'avait aussi montré une crèche de santons d'environ 70cm de haut, lesquels furent pratiquement tous vendus à des particuliers...


LES ORNEMENTS SACERDOTAUX :

Un ciboire en argent massif, d'un poids de 336 grammes. (don de mr DEPOSSET).

- Une chasuble fond blanc avec des raies vertes et rouges. (don de Madame Olivier).

- Une  conque et le pied des fonds  baptismaux. (don de Monsieur LEGRAND Étienne, boulanger du four de Raphèle). Le premier enfant baptisé à Raphèle, fut l'un de ses fils : Firmin Legrand le 18 Mars 1854.

Une petite croix de Malte en or (don de Madame Ranchier pour être mis à la Sainte-Vierge (croix d'Arles), avec sa chaîne, le tout pesant 27 gr et une petite croix de Malte en or, avec sa chaîne  d'un poids de 7gr; un bracelet en argent massif pesant 7gr.; un bracelet en corail avec fermoir en or pesant 5 gr.
- Un nombre important de chandeliers. Les Pénitents de toutes couleurs défilaient avec leurs chandeliers, dont le nombre affiché n'avait pour d'autres buts que de montrer la richesse de la Confrérie...

 

 Nous complèterons cet article dans un avenir trés prochain...

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commentaires

S
STUDY OF WHITES PENITENTS Arles UNDER RESTORATION is a good share about the early historical facts and the progress of the civilizations with time and the social and economical changes. all i can say is that the sharing is very interesting and i will be here again for more.
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