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Un autre regard : La Camargue est insolite, et souvent aussi une terre de mystères que nous nous efforçons d'éclaircir... Nous avons mis à jour l'existence du terrible André POMME, nous avons retrouvé les anciennes pâtisseries de Provence... Nous retraçons la mémoire de la guerre 39-45 du Pays d'Arles... Bref nous travaillons sur l'histoire de la région Crau, la Camargue, et les Alpilles d'hier, et d'aujourd'hui ... Participez à notre travail de recherches, merci !

CAMARGUE : Vestiges allemands.


Aprés Salins de Giraud, la Crau et Port Saint louis du Rhône nous nous interessons aujourd'hui aux vestiges allemands de la commune des  Saintes Maries de la Mer. Tous les bunkers de la zone Camargue-Crau auraient été construits par l'entreprise arlésienne de Travaux Publics de Julien CHAVOUTIER, qui fut le chef de la Résistance locale.
Côté Camargue, la zone de défense allemande fut desservie par les lignes du chemin de fer de la Camargue, qui ont hélas disparues de nos jours (fermées trés exactement le 01/10/1953). Ce chemin de fer de la Camargue était relié en plusieurs points au réseau SNCF (Arles, Nîmes, Bellegarde). De fait les positions allemandes camarguaises n'ont put-être que parfaitement bien alimentées tant en personnel qu'en munitions.
La ligne ferroviaire d'Arles-Les Saintes s'embranchait sur celle du Salin de Giraud au km 3,06535 au lieu dit « La Cappe ». Très rapidement fut posée une deuxième voie propre à cette seconde ligne évitant ainsi l'embranchement, source de retard pour les trains qui arrivaient en Arles presque à la même heure. La ligne traversait le G.C. 31 se dirigeait vers Bouchaud puis sur les plaines de Meyran qu'elle longeait dans la partie sud, franchissait le canal de vidange du pont de Rousty à environ 900 m derrière le Musée Camarguais et longeait le chemin de Porte Ferrus, passait à Signoret en direction  d'Albaron. De ce point la ligne se dirigeait sur le domaine du Château-D'Avignon, qui a été occupé par l'Etat-Major allemand chargé  de surveiller le Delta de  Camargue.
Puis la voie ferrée  rejoignait
le G.C. 26 après avoir desservi  Les Jasses et le Paty de la Trinité, longeait à gauche ce chemin sur 4 km, le coupait ensuite au niveau de Pioch-Badet et obliquait à droite pour desservir les domaines situés sur la rive gauche du petit Rhône; Cabanes de Cambon et Mas d'Icard, coupait à nouveau, à Maguelonne, le G.C. 26 et se dirigeait sur le point terminus en traversant divers fossés d'écoulement et le canal des Launes.

Carte.jpg
Entre Arles et les Saintes, on retrouve des vestiges allemands dans  4  mas:
- Le mas d'Icard prés de la rive gauche du Petit-Rhône.
- Le mas de la Cure au Sud du château d'Avignon.
- Le mas de Maguelonne, juste avant d'arriver aux Saintes. On notera que sur le plan stratégique, les Allemands se sont tenus trés en retrait de la côte. Seuls quelques bunkers existaient sur la côte des Saintes.
- Le mas du Roure.

LE MAS D'ICARD :

 Il semblerait que cette position corresponde à l'emplacement du PC et de la batterie du 1er régiment d'artillerie de la 338ème division d'Infanterie. Si c'est le cas ces bâtiments seraient donc des dépôts de munitions.


La 19ème armée allemande, dont le PC était situé à Avignon , était composée de 7 secteurs côtiers de défense , couvrant les 864km des côtes françaises de la méditerranée , depuis la frontière espagnole jusqu'à la frontière italienne ; il s'agissait du Südwall :

  19 KVA A / 272 ID : Port-Vendres , Collioure , Cap Leucate...

19 KVA B / 277 ID : Port-la-Nouvelle , Narbonne-Plage...

19 KVA C / 271 ID : Cap d'Agde , Sète...

19 KVA D / 338 ID : La Camargue. et son PC au Château d'Avignon.

19 KVA E / 244 ID : Marseille

19 KVA F / 242 ID : Toulon

19 KVA G / 148 RD : Cannes , Nice...

 





LE MAS DE LA CURE: (domaine situé Face au château d'Avignon, sur la route d'Arles aux Saintes Maries de la Mer).
La gare ferroviaire qui desservait cette zone était celle du mas des Bruns :
Les-Bruns.jpg

Le site n'est pas un système de défense stratégique mais une base de cantonnement fortifiée d'une unité ou d'un état major. Le château d'Avignon, était le Quartier Général du Grenadier Regiment 759 appartenant à la 338eme infanterie Division. Il semble que ce lieu posséde plusieurs ouvrages, non identifiés par la carte IGN. Plusieurs emplacements sont visibles à l'interieur du domaine.

Au sud-est du château d'Avignon, au niveau de l'entrée du mas de La Cure, il y a une casemate  (notée sur Géoportail et les cartes IGN).
Concernant  l'image aérienne ci-dessous : 
- La 1ère fleche indique la position du bunker de l'entrée du Mas.
- La seconde fléche indique la position de l'ouvrage en hauteur,
- La troisième indique la position d'un ouvrage acollé au batiment qui est surmonté d'un   clocher...
- La quatrième indique la position de 2 ouvrages du style du Mas d'Icard.


On peut penser que ces ouvrages sont liés à la position de cantonnement de cette unité. Les fortifications allemandes y sont nombreuses :



LE  MAS DE MAGUELONE :
Tout comme le mas d'Icard, celui de Maguelonne avait sa gare, alimentée entre autres depuis  celle d'Arles-Trinquetaille.
Maguelonne.jpg.gare.jpg
A 3 km au nord des Saintes sur la route d'Arles, au niveau du Mas de Maguelone, nous observons 2 abris près de la route coté ouest et une casemate H680 cubique ( pour 7,5 cm pak 40) à 200 m de la route coté est.  Du même côté, il y a aussi 2 autres abris .
Ce dispositif militaire était un  verrou  destiné à gêner une progression vers Arles en cas de débarquement réussi aux Saintes.
A propos de la station radio "Giraffe":  Selon certains, la station pourrait bien se situer au mas de Maguelonne au nord des Saintes Maries. Si on zoome sur ce secteur grâce à Google, on aperçoit effectivement de nombreuses casemates encore en place, mais rien (pour l'instant) qui puisse nous indiquer un mur de protection circulaire de Freya ou l'embase hexagonale d'un Wurzburg.
Je n'arrive par à visualiser cet étrange bunker avec une cuve circulaire sur la photo d'AC, mais il doit y être. Isolé comme il est, il est difficile d'imaginer la présence d'un canon de Marine, par contre et pourquoi pas le support d'un Freya...mais là ce serait un scoop car il s'agirait du premier Freya sur le Sudwall a être monté sur un bunker
Les relevés du SHM ne nous aident pas car justement il n'y a aucun relevé précis sur cette zone. A l'emplacement de Maguelonne, sur leur plan, il est simplement mentionné "station"...station radar ou station ferroviaire ???

Un dernier élément enfin qui peut prêcher pour la présence de la station "Giraffe" à Maguelonne: Si on "scrute" bien le document sur Giraffe mis en ligne sur le site "lostplaces" (plan d'époque) la croix centrale donnant la position de la station paraît bien se situer au nord des Saintes.
Une tour blindée :
Cette tour est probablement en rapport avec le poste de commandement du I/338 AR (1er bataillon du régiment d'artillerie de la 338ème division) localisé à Maguelone et doté de canons de 7,62 cm (r).
Ses trois batteries étaient situées à proximité (localisations approximatives, voir carte dans le livre Südwall MKB) :



 Nous avons 13  vues de casemates sur ce mas :


LE MAS DU ROURE:

Le mas (propriété privée de la famille ETIENNE-COLCOMBET) est situé en bordure du Petit-Rhône, on y accede par un chemin privé, juste aprés le carrefour de la route des Saintes vers Aigues Mortes.
Un château d'eau suspect :
Roure,eau 013-copie-1
Ce mas, proche voisin du Château d'Avignon, a aussi été occupé par l'armée allemande. Je pense qu'il avait deux fonctions:
- Une fonction d'aérodrome, car on y trouve un hangar entièrement en béton (murs, couverture et charpente), pouvant abriter au moins un avion et dans l'axe duquel se trouve un champ parfaitement plat, pouvant servir de piste d'aviation. A l'autre extrémité, une série de casemates.
roure-hangar-012.JPG 

Détails de la toiture et charpente en béton du hangar :
bunker-roure-014.JPG

En bout de piste, côté fleuve, nous avons dénombré 6 casemates, trés bien dissimulées dans la végétation, le long et de part et d'autre de la digue du Petit-Rhône, à environ 500 mètres du Château d'Avignon par la digue. Une d'entre elles a été électrifiée (présence extérieure de 2 isolateurs)... Eclairage de piste ?...
Elles sont toutes faites sur le même modèle et il semble que ce soit des soutes à munitions.
bunker-roure007

bunker-roure004.JPG

L'intérieur de chaque casemate est composé de deux pièces identiques, distribuées par un couloir traversant la casemate dans sa largeur:
bunker-roure003.JPG

Détail d'une pièce:

bunker-roure-010.JPG
- Une fonction portuaire : On nous a signalé aussi à cet endroit un emplacement (béton) de port; actuellement nous le cherchons dans les broussailles de la berge ...



Aux SAINTES MARIES DE LA MER :


C'était le terminus de la voie ferrée. Comme le montre ce lien, la gare semblait être bien équipée.Les bunkers installés en bordure côtières servaient essentiellement aux Allemands à se protéger d'un débarquement; ils étaient installés en moyenne à 400 mètres de la mer.

Cette frange littorale était minée. Voici les bunkers encore visibles en 2009 :

- SUR LA PLAGE EST
:

J'ai découvert en promenant les restes, je pense, d'une casemate à la hauteur du centre de Thalasso"TALACAP".
Il se situe en pente vers la mer à droite (dos à la mer) du centre.Il est planté au milieu des rochers qui constituent la digue.


- SUR LA PLAGE OUEST :
Ce bunker (Ringstand Vf58c avec une soute légère en parpaing) qui se trouvait au temps de la guerre au minimum à 400 métres du rivage, va bientôt disparaitre du paysage : c'est un symbole majeur de la future
submersion de la Camargue...


Le bunker dans les années 1970-1980...! A méditer...

Entre la gare des Saintes et le cimetière, il y avait une série de casemates et murs antichars, je suppose que tout a été détruit ... Et nous n'avons pas de photos...
Il y a d'autres vestiges à l'embouchure du Petit-Rhône, appelé aussi le Grau d'Orgon
La photo du SHM est le point d'appui du Grau d'Orgon à l'ouest de la plage du Grau d'Orgon ( là où il y a aujourd'hui le camping): la casemate R 680 ( pas cubique celle ci avec plate forme arrière) on n'en voit aujourd'hui que le toit ( elle est ensablé par la dune)
(armée en 1944 d'un canon de 7,5 cm Pak 97/38 (f)), et on retrouve des petits abris Vf tout autour ( d'autres doivent ètre dans le camping et sur la plage privée).
On retrouve aussi au bord du Petit Rhône le ringstand pour tourelle de char que l'on voit en haut de l'image.

En bordure nord du camping, depuis la rive jusqu'au canal des Launes, tu as quelques casemates : au moins 3 tobrouks dont un pour tourelle de char (bordure du Rhône), une R 680 ensablée jusqu'au toit (bordure du parking), 2 abris (près du canal). Ils servaient à la défense à la fois de l'embouchure du Petit-Rhône et contre un débarquement sur la plage.

 Comme le montre cette carte, les allemands avaient installé aux Saintes Maries de la Mer une station radar côtière :


Avant la guerre, il y avait dans le Sud de la France deux stations pour les liaisons radio maritimes, une près de Bordeaux dont j'ai oublié le nom et la station des Saintes Maries de la Mer.
Toutes les deux ont été détruites par l'occupant lors du repli allemand de l'été 1944 et remplacées par Saint Lys Radio construite après-guerre près de Toulouse.
Dans des vieux papiers sur la nécessite d'avoir une station TSF, comme on disait alors dans les années 1910, près du port de Marseille, le choix avait été porté sur les Saintes car l'absence de relief proche permettait d'éviter les problèmes de réflexion des ondes sur le dit-relief.
file0120ik2.jpg

 



Sur la rive droite du Petit-Rhône, au lieu dit "les Quatre Maries":
Il y avait un bunker qui comme ceux des Saintes, a disparu sous les eaux .
Casemate pour canon antichar et quelques autres bunkers.

Sur cette vue, la station est dans sont état initial. En 1916, seuls les deux grands pylônes (80 mètres) ont été conservés, les pylônes quadrangulaires ont été remplacés par deux pylônes "normaux" de plus de cent mètres de haut.
Dans les années 1960, il y avait une station radio gonio de l'armée de l'air aux Saintes Maries
de la mer juste derrière le camping de la Brise. Je sais qu'elle était en liaison avec Salon et Istres. Elle a été transférée en Crau en 1967 ou 1968 (au mas des chanoines, sur l'ancienne piste d'aviation)... .

 
A BEAUDUC :

Il semble que les bunkers de Beauduc ont été occupé par les volontaires russes (Osttruppen) qui portaient l'uniformes allemands de la Heer, orné sur la manche d'un écusson de la ROA (Armée Russe de Libération (blason blanc croisé de deux bande rouges); un écusson de ce type serait peint et toujours visible dans un abri de Camargue (pointe Beauduc):

Quelques photos des ROA sur un site russe...14w9ev5.jpgCes ROA étaient rattachés à la fraction de l'armée allemande qui occupait le Languedoc (Béziers, Port Vendres, Palavas, etc...). De sources sures, il y avait le PC à AGDE; le commissaire de police d'Agde faisant mention de troupe d'origine Russe à Agde début Décembre 1943 ainsi qu'une carte Allemande qui nous signale le PC à AGDE. 
L’Ost-Bataillon 666 est rattachée tactiquement au régiment d’infanterie GrenadierRégiment 752 de la 326ème Infanterie Division qui était installée dans la région (PC à Narbonne) depuis Décembre 1943 et disposait de 11297 combattants.
Voici ci-dessous, leur uniforme et leur équipement:
1z2kr49.jpg
De nombreux bunkers jalonnent en effet, les arrières de la plage, comme le montrent ces photos :
photo2041ig0.jpg--beauduc-plateforme.jpg
photo2015vf7.jpg--beauduc--soute---munition.jpg

photo2021yo9.jpg--autre-batiment.jpg
photo2065sj0.jpg--beauduc--encuvement-pieces-d-artillerie.jpg
photo2067kp2.jpg--beauduc.jpgchateau-avignon.jpg



roure-015.JPG

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